Homélie du dimanche 1er novembre 2020, sur la parabole du Semeur
<Lc 8, 5-15.>

Si le Christ a donné à une grande partie de son enseignement une tournure si nettement agricole, c'est pour des raisons précises et non par un effet de mode ou par opportunisme. En effet, Jésus se présente tantôt comme un berger, tantôt comme un cultivateur, parce que ces deux métiers ont quelque chose de divin. Le berger qui prend soin des animaux et le cultivateur qui fait pousser des plantes accomplissent une tâche de Dieu. Ils font à leur niveau ce que Dieu fait pour toute la création. Ils donnent la vie, ils la protègent, ils la nourrissent.

La prédilection du Christ pour les images et les paraboles agricoles est aussi un rappel du lien inséparable entre le monde spirituel et le monde sensible, entre l'esprit et la matière, entre le ciel et la terre qui - n'en déplaise aux gnostiques et aux manichéens - ont un seul et même auteur. C'est bien ce que nous confessons en premier lieu dans le Symbole de foi: "Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible." L’homme quant à lui est là pour faire le lien entre les deux, pour être un médiateur entre le ciel et la terre.

Dans la parabole que vous venez d'entendre le Christ se compare à l'agriculteur qui sème ou bien il y compare l’Esprit par lequel le Verbe divin est présent dans nos cœurs. Il se définit ici et ailleurs comme le grain qui doit mourir pour donner naissance à une nouvelle vie. Si tout agriculteur qui sème en cette période pensait à cette similitude avec le Christ et avec l’Esprit Saint, s'il savait l'estime que Jésus a pour son travail, il prierait sans paroles, mais avec tout son cœur, en accomplissant sa tâche. Et si nous, nous regardions davantage l'œuvre du Christ dans cette perspective agricole, comme il a voulu nous la faire connaître, nous serions en prière chaque fois que nous regardons un champ cultivé, un troupeau en train de paître, une vigne, un lys, une graine. Nous ne laisserions pas la vanité des villes étouffer la semence de la Parole divine plantée dans nos âmes par le Créateur de l’univers. Loin du vacarme des civilisations babéliennes, dans le silence de la campagne et le dépouillement du désert nous la ferions parvenir à la pleine maturité avec le concours de l'Esprit Saint, hâtant ainsi l'avènement du Règne de Dieu.