"Honneur à vous, les croyants!" Homélie pour la fête des saints apôtres Pierre et Paul
Frères et sœurs bienaimés, voici comment Pierre vous appelle au début de sa lettre : vous êtes « ceux qui sont choisis par Dieu, qui séjournent comme étrangers en diaspora <…>, qui sont désignés d’avance par Dieu le Père, et sanctifiés par l’Esprit, pour entrer dans l’obéissance et pour être aspergés par le sang de Jésus-Christ » (1 P 1, 1-2). Notez la dimension trinitaire de cette salutation : élus selon le dessein du Père, sanctifiés par l’Esprit, vous avez suivi le Fils. Vous êtes donc sauvés à l’initiative et selon le projet du Père ; ce projet est accompli par l’Esprit qui vous conduit à Jésus-Christ.

Quand Pierre dit que vous êtes aspergés par le sang de Jésus, il le fait en référence à ce qui avait été accomplis par Moïse au moment de la conclusion de la première alliance : « Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur. <…> Puis il chargea quelques jeunes garçons parmi les fils d’Israël d’offrir des holocaustes, et d’immoler au Seigneur des taureaux en sacrifice de paix. Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des coupes ; puis il aspergea l’autel avec le reste du sang. Il prit le livre de l’Alliance et en fit la lecture au peuple. Celui-ci répondit : ‘Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons.’ Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : ‘Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous’ » (Ex 24, 4-8).

Cette référence à la première alliance est fondamentale pour saint Pierre. Toute la première partie de son épître est consacrée à la démonstration du fait que désormais ce ne sont pas seulement les enfants d’Israël qui bénéficient de ce lien privilégié et perpétuel avec Dieu, mais tous les croyants, Juifs ou Gentils. Le salut des âmes qui est l’aboutissement de la foi, est offert à vous tous qui « aimez Dieu sans l’avoir vu » (1 P 1, 8). « Sur le salut, les prophètes ont fait porter leurs interrogations et leurs recherches, eux qui ont prophétisé pour annoncer la grâce qui vous est destinée. Ils cherchaient quel temps et quelles circonstances voulait indiquer l’Esprit du Christ, présent en eux, quand il attestait par avance les souffrances du Christ et la gloire qui s’ensuivrait. Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient au service de ce message, annoncé maintenant par ceux qui vous ont évangélisés dans l’Esprit Saint envoyé du ciel » (1 P 1, 10-12).

Vrais bénéficiaires du salut, vous êtes, dans la même mesure qu’Israël selon la chair, le peuple élu de Dieu : « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Autrefois vous n’étiez pas un peuple, mais maintenant vous êtes le peuple de Dieu ; vous n’aviez pas obtenu miséricorde, mais maintenant vous avez obtenu miséricorde » (1 P 2, 9-10).

Frères et sœurs, vous êtes non seulement le peuple élu, mais vous êtes aussi le vrai sacerdoce de Dieu, chacun de vous. Bien plus, vous êtes le vrai Temple dans lequel Dieu demeure : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ » (1 P 2, 5).

« Ainsi donc, honneur à vous les croyants », dit saint Pierre. « Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu » (1 P 1, 18-21).

Ne laissez personne vous ôter cette dignité d’élus de Dieu. Ne laissez pas vos passions et votre égoïsme détruire cette sublime communion avec le Père, avec Jésus et avec l’Esprit qui demeure en vous. « En obéissant à la vérité, vous avez purifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères ; aussi, d’un cœur pur, aimez-vous intensément les uns les autres » (1 P 1, 22). « Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 P 5, 4).